jeudi 27 août 2015

La Transfagarasan et randonnée dans les monts Fagaras - 24-26/08




Le réveil dans le camping se fait doucement. Le temps est complètement sans nuages, enfin ! Tranquillement, nous prenons notre petit déjeuner à l'extérieur, sur notre table. Après une dernière toilette, nous quittons finalement le camping vers 11 heures. Le temps d'un arrêt à un Lidl pour acheter des petits hot dog et pains à la pizza qui font office de repas, nous entamons la mythique route Transfagarasan !


Elle est considérée comme une des plus belles routes du monde, qui coupe les Carpates méridionales du nord au sud, à l'instar de la Transalpine. Elle a été achevée dans les années 1970, sous les ordres de Ceausescu, pour un déplacement rapide des troupes en cas d'invasion soviétique.

La route démarre réellement au niveau du barrage, qui aurait coûté à lui seul plus de 400 âmes pour sa construction. Quelques boutiques touristiques et un point de vue sur le lac artificiel, font que les voitures s'arrêtent en nombre sur le peu d'espace disponible. Nous essayons vainement de nous garer avant de continuer notre chemin. L'asphalte est globalement de bonne qualité, même si l'on n'est pas à l'abri de quelques nids-de-poules, comme souvent en Roumanie. A mesure que la route s'élève en altitude, nous quittons les sapins pour les montagnes pelées, comme avec la Transalpine. La grande différence avec cette dernière est que le dénivelé important a été surmonté à l'aide de bien plus nombreux lacets. La perspective sur la route n'est pas sans nous rappeler Trollstigen en Norvège, bien que le paysage soit complètement différent. Les sommets accidentés se détachent tout autour de nous et offrent une vue au relief saisissant.






Nous passons un tunnel et arrivons finalement au Lac Balea, à plus de 2000 mètres d'altitude, sommet de cette route. Complètement cafis de pensions, hôtels, et autres boutiques de touristes, le cadre montagnard en est assez gâché. Si la route Transfagarasan est quelque chose à faire en soi, nous l'avons empruntée aussi dans le but de faire une randonnée de trois jours dans les monts Fagaras. Il s'agit d'une chaîne de montagne des Carpates, où se trouve notamment le plus haut sommet de Roumanie, le Moldoveanu, notre objectif ! C'est justement au lac Balea que nous démarrons notre ascension, non sans avoir garé la Bleue au préalable dans un parking fermé.

Nous avons réservé trois jours à cette randonnée, bien que ce premier jour soit déjà bien entamé. De toute manière la poursuite de la randonnée n'est pas immédiatement certaine, car Céline ne se sent pas à forme, du fait de ces petites choses qui se produisent tous les mois – si vous voyez ce que je veux dire... La première ascension fait office de test. Finalement, c'est avec succès qu'on l'achève sans trop de peine en un peu plus d'une demi-heure. On est récompensés au sommet par une vue plongeante superbe sur la Transfagarasan et le lac Balea.




Nous continuons la marche, passons un premier lac glaciaire où des gens ont déjà planté leur tente, et grimpons une petite crête qui nous apporte une vue sur une autre vallée. Nous restons sans voix. La vue est tout bonnement exceptionnelle, avec ce qu'il faut de jeux de lumière pour sublimer le tout. Peut-être un des plus beaux panoramas de nos vies. Il faut dire que l'ensemble est si grand, si majestueux...




Alors que l'on reprend la marche, on croise notamment des Polonais qui viennent du Mont Moldoveanu. Ils nous expliquent que c'est très loin et nous souhaitent bonne chance pour trouver un endroit plat où planter la tente. Compte tenu de l'heure, cela devient donc notre objectif principal. On ne voudrait pas trop avancer et se trouver dans un endroit où l'on ne peut pas planter la tente lorsqu'il fera nuit. C'est finalement dans un tout petit creu de verdure, à l'écart du chemin principal, que nous trouvons l'endroit parfait. En plus de nous protéger du vent, il offre le même panorama sur ces belles montagnes, où l'on peut notamment distinguer au loin une cabane. Tout s'assombrit progressivement autour de nous, pendant que nous mangeons des nouilles chinoises. Après avoir visionné une série TV sur ordinateur, nous nous couchons finalement.



La nuit fut rude. Si j'ai passé à Céline mon sac de couchage dont la zone de confort en laboratoire est théoriquement de moins 15 degrés, j'ai pour ma part pris le seul autre que j'avais en stock chez moi, qui est très léger. Autant dire que j'ai dormi tout habillé, chaussettes de ski aux pieds et bonnet sur la tête. Malgré cela, ceci ne m'a pas empêché de souvent me réveiller et parfois grelotter. Céline n'a pas non plus très bien dormi, notamment du fait parfois de la fraîcheur (nous n'avions pas de matelas pour nous protéger de l'humidité du sol) mais aussi des aspérités sur le sol. Nous accueillons le lever de soleil avec bénédiction, puisqu'il vient instantanément réchauffer la tente et nous permettre quelque temps de sommeil supplémentaire.

Le temps d'un petit déjeuner composé de thé, brique de multifruits et biscuits petit déjeuner parmi un troupeau de moutons qui nous a rejoint, et nous voilà repartis vers 11h. C'est finalement en une heure que nous arrivons au niveau de la cabane que nous apercevions depuis la tente. On avait un mince espoir que ce soit le gîte dans lequel nous voulons dormir le soir même, mais non. Un panneau nous indique qu'il est encore à 3-4 heures de marche. Nous avançons encore quelques minutes, puis nous nous arrêtons manger pâté de campagne et saucisson, agrémenté de pain aux céréales, en guise de repas.







A peine reprenons nous la marche qu'une vue s'offre sur la prochaine vallée. Céline, qui ne se sent toujours pas très bien, comprend qu'il va falloir la rejoindre et ensuite escalader l'autre crête qui est assez haute. Elle hésite à continuer. Je lui indique que quoi qu'il en soit, cela semble trop court pour que nous atteignions le Mont Moldoveanu. Il vaudrait mieux se fixer le gîte comme objectif, nous permettant de dormir au chaud. Elle accepte, à condition que l'on fasse des pauses dès qu'elle en sent le besoin, ce qui me paraît évident compte tenu de son état.

C'est ainsi que l'on a grimpé encore, non pas une crête, mais trois crêtes avant d'atteindre le gîte ! Pour Céline, ce fut l'horreur. Obligée de s'arrêter très souvent, elle a même eu des passages où elle ne pouvait faire trois pas sans avoir la tête qui lui tournait. Surtout, elle ne parvenait pas à garder le mental nécessaire pour ne pas subir davantage l'effort. Il est vrai que l'on naviguait un peu à vue, malgré une carte téléchargée sur internet. A chaque crête, nous ne savions pas si c'était la dernière avant le gîte. Il faut donc imaginer les multiples découragements. De mon côté, j'étais physiquement étrangement très en forme. Parfaitement compréhensif pour les différentes pauses de Céline, je souffrais davantage des plaintes qui portaient sur la randonnée en elle-même. Cela a affecté mon appréciation des paysages magnifiques que nous avons passé. Si cela avait été possible, j'aurais tout fait pour qu'on puisse arrêter cette randonnée, mais j'étais persuadé qu'étant en plein milieu des montagnes, il valait mieux encore pousser jusqu'au gîte pour mieux dormir.









Quand nous l'atteignons finalement, il est un peu plus de 16 heures. Situé au bord d'un lac glaciaire, il bénéficie a priori d'un cadre exceptionnel. Pourtant, en regardant de plus près, on constate des petites montagnes de déchets, cachées derrières certaines butes, le lac et les petits ruisseaux n'en étant pas exempts. Nous sommes écoeurés du manque de prise en charge de ces déchets dans un environnement si naturel.
Lorsqu'on entre finalement dans le gîte pour voir s'il y a de la place disponible, la légère vétusté des lieux, la promiscuité des lits (habituelle il faut l'avouer) et l'énervement – a priori provisoire – de la patronne nous font finalement opter pour une autre nuit dans la tente. Les choses présentées comme cela, les efforts du jours semblent perdre leur sens. Mais Céline comme moi sommes contents d'y être parvenus, bien que l'on est conscients que le lendemain il faudra tout refaire en sens inverse jusqu'à la camionnette.
Nous plantons la tente non loin du lac, faute d'avoir trouvé un endroit plat plus éloigné de cette source d'humidité. Nous profitons du temps libre avant la nuit pour lire, discuter et regarder un film. Après une bonne boite de saucisses aux lentilles, nous nous couchons finalement, non sans avoir ajouté pour ma part, une couverture de survie à mon sac de couchage.




La nuit fut bien meilleure ! Céline explique même avoir rarement aussi bien dormi en montagne ! Après un petit déjeuner de la même composition que la veille, nous attendons que le soleil sèche la rosée sur la tente puis démarrons notre chemin vers 9h30. Notre corps très sale n'est pas courbaturé, mais pourtant les premiers mètres de grimpette sont difficiles. Les difficultés qui suivent seront quant à elle bien plus faciles, notamment parce ce que l'on sait à quoi s'attendre, l'ayant fait la veille dans l'autre sens. De plus, Céline se sent mieux, et a trouvé un bon rythme de marche pour avancer sans trop se fatiguer. Et nous avançons bien ! A 12H, nous atteignons le même endroit que là où nous avions pris notre repas la veille, et décidons d'y manger également. Des rillettes remplacent le paté de campagne.







C'est avec soulagement, et non sans une fébrilité finale pour ma part, que nous atteignons la Bleue vers 16 heures. Il est étonnant de constater que le beau temps que nous avons eu pour cette randonnée s'est progressivement couvert, à mesure que nous approchions du but. C'est donc bel et bien fini ! Nous n'aurons pas atteint le mont le plus haut de Roumanie, mais avons fait la randonnée la plus demandeuse physiquement qu'il nous a été donné de faire. Avant de reprendre la conduite, Céline achète de canettes de coca qui nous font un bien fou, tandis que j'engloutis les un après les autres palets bretons et boudoirs. Oui, le sucre ça fait du bien !

On repart enfin et prenons la direction de la très touristique ville de Sibiu, située à 70 km de là. Un regard sur les prix anormalement élevés des pensions et hôtels dans cette ville d'après le Routard, nous fait décider de nous arrêter avant. Nous trouvons finalement refuge dans une pension à la fin de la route Transfagarasan. La chambre est grande, tout comme la salle de bain et c'est propre pour 24€. On a connu moins cher, mais cela fera amplement l'affaire !

La délivrance arrive avec la douche, puis avant même de réaliser qu'on aurait pu amener notre linge sale dans une laverie le lendemain, nous entreprenons de le laver à la main... Deux heures et demi d'effort plus tard, notre énorme quantité de linge est suspendue de partout dans tout la chambre... Vite le dodo pour enfin trouver le réconfort après ces journées si exigeantes !




2 commentaires:

  1. Je dois avouer que l'image de yann allongé avec l'étendage au dessus de lui est surprenante.
    Repos bien mérité aprés cette randonnée montagneuse fort longue et difficile.
    Quel courage de dormir sous la tente à une telle altitude et donc à une telle température si froide....
    La luminosité semblait merveilleuse à certains endroits. Paysages de montagnes quand tu nous
    tiens!!!!!
    Certains lacs du parc du mercantour dans les alpes du sud seront peut-être pour vous à faire.
    Continuer à bien en profiter, bien manger(autre que du paté), bien dormir(au chaud) et découvrir des merveilles
    Bisous
    Papa

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  2. Bon alors premièrement, Mention spéciale à Céline pour son courage, deuxièmement si je dois faire une rando avec vous, j'espère que vous choisirez plus simple car là c'est impressionnant, troisièmement votre chambre ressemble à un temple tibétain avec de drôles de drapeaux multicolores de prière !!!!
    je compte sur vous pour vous bichonnez un peu ces prochains jours. Bisous Mamounette

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